Grégoire XVI (pape de 1831 à 1846)
Extrait de sa lettre apostolique "In suprema apostolis fatigio 1839".


[...] Ces prescriptions et ces soins de nos prédécesseurs n'ont pas été inutiles, avec l'aide de Dieu, pour défendre les Indiens et les autres ci-dessus désignés, contre la cruauté des conquérants et contre la cupidité des marchands chrétiens. Non cependant que le saint siège ait pu se réjouir pleinement des résultats de ses efforts dans ce but, puisque la traite des Noirs, quoique diminuée, en quelque partie, est cependant encore exercée par plusieurs chrétiens. Aussi, voulant éloigner un si grand opprobre de tous les pays chrétiens, après avoir mûrement examiné avec quelques uns des cardinaux de la Sainte Église romaine, appelés en conseil, marchant sur les traces de nos prédécesseurs, nous avertissons sur l'autorité apostolique, et nous conjurons instamment dans le Seigneur tous les fidèles, de quelque condition que ce soit, qu'aucun d'eux n'ose à l'avenir tourmenter injustement les Indiens, les Nègres, ou autres semblables, ou les dépouiller de leurs biens, ou les réduire en servitude, ou assister ou favoriser ceux qui se permettent ces violences à leur égard, ou exercer ce commerce inhumain par lequel les Nègres, comme si ce n'étaient pas des hommes mais de simples animaux réduits en servitude, de quelque manière que ce soit, sans aucune distinction et contre les droits de la justice et de l'humanité, son achetés, vendus et voués quelquefois aux travaux les plus durs ; et de plus, par l'appât du gain offert par ce même commerce aux premiers qui enlèvent les Nègres, des querelles et des guerres perpétuelles sont excitées dans leurs pays. De l'autorité apostolique, nous repoussons tout cela comme indigne du nom chrétien, et par la même autorité nous défendons sévèrement qu'aucun ecclésiastique ou laïque ose soutenir ce commerce des Nègres, sous quelque prétexte ou couleur que ce soit, ou prêcher ou enseigner en public et en particulier contre les avis que nous donnons dans ces lettres apostoliques.